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La frivolité, un art mineur ?




Si je vous dis… frivolité ? Ça vous parle ? Non ? Pas vraiment ? Pas du tout ? Dentelle, c’est mieux ? Ce terme est bien joli mais un peu vaste, non ? Il y a la dentelle à l’aiguille, la dentelle aux fuseaux, la dentelle au crochet, la dentelle à la main, la dentelle de Bruges, Bruxelles, Valenciennes, Malines… et la dentelle de type nouée, qui n’est autre que notre frivolité plus haut citée.

Ahah ! Nous y voilà ! Dites-nous tout, Sherlock, quel est le secret de cette fameuse frivolité ? Eh bien Watson, je vous répondrai qu’il faut d’abord commencer… par le début !


Des nœuds, des nœuds et encore des nœuds !


Prenez votre dictionnaire, ouvrez-le à la page… Oui, bon, on n’est plus en 1887, Sherlock ! Hem, bruhm…Tapez frivolité sur ce bon vieux G**gle (hé, ho, pas de pub ici !), tombez sur l’un ou l’autre dérivé en ligne de ces dictionnaires bien connus en nos contrées francophones que sont le La***sse ou le Ro**rt. Que nous racontent ces I.A. d’antan ?


« Frivolité » \fʁi.vɔ.li.te\ féminin, du mot frivole (lat. frivolus, futile, vide), signifiant qui est vain, qui n’a pas d’importance, qui est de caractère frivole.


QUOI ? Nom d’une pipe ! La frivolité, une chose inutile ? Meuh non, Watson, rassurez-vous !


Le mot « frivolité » utilisé pour décrire cette technique dentelière n’existe que depuis le 19e siècle. Auparavant, on disait bêtement « faire des nœuds ». Pensez à un Pokémon : après évolution, il change de nom. C’est pareil dans ce cas-ci. Cette dentelle nouée est réalisée avec de l’outillage spécifique : une ou deux navettes ; une aiguille (spéciale frivolité) ; un crochet (spécial frivolité).


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On n’utilise évidemment pas tout en même temps, c’est l’un ou l’autre. La technique consiste à faire coulisser des nœuds sur un fil afin de former des arceaux, des anneaux et des picots qui, tous ensemble, formeront de délicats motifs, cela grâce à l’outillage spécifique choisi. Plus le fil utilisé est fin, plus la dentelle est fine.



NAVETTE : On dit faire la navette. Il y a la navette spatiale et la navette fluviale. Ou encore la navette liturgique. Enfin, il y a la navette à frivolité. Leur lien : le latin, bien entendu ! Le mot navette signifie navire dans la langue de l’ami Jules (César). Qu’elle soit spatiale, fluviale, liturgique ou conçue pour la frivolité, la navette possède la forme d’un – vous l’aurez deviné – bateau. Concrètement, la navette quelle qu’elle soit fait des allers-retours.


À l’aide de cette technique, on réalise des cols, des festons, des napperons, des bijoux et une tripotée d’éléments déco joliment travaillés.








Frivolité : un terme galvaudé ?


C’est très bien tout ça, Sherlock, mais ça ne nous dit pas pourquoi ce mot « frivolité », du latin frivolus, futile, vide, pour décrire une technique pointilleuse permettant de réaliser de si charmants accessoires !

Effectivement, Watson ! Vous mettez le doigt dessus ! Malheureusement, les sources que j’ai parcourues sont très floues à ce propos, voire inexistantes. Nous nous inspirerons donc d’une phrase lue dans la fiche d’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel en France :


« Comme toutes les dentelles créées au 19e siècle pour imiter les dentelles prestigieuses des siècles précédents, la frivolité est considérée comme une dentelle mineure ».

Traduction : déjà au 18e siècle, « faire des nœuds » était considéré comme un passe-temps pour aristos, un hobby futile ou, pour rester pertinent, frivole. Au 19e, c’était vraisemblablement toujours le cas. Toutefois, cette même fiche d’inventaire nous apprend qu’une main-d’œuvre assez conséquente était employée à créer de la frivolité. Peut-on en déduire que cet art mineur l’était moins qu’il y parait ? Vous-en tirerez vos propres conclusions.


Après l’âge d’or de l’ère victorienne et son appellation officiellement écrite, la frivolité tombe petit à petit dans l’oubli, avant de surgir à nouveau ces dernières années grâce à internet.


Un accessoire qu’on s’arrache à prix d’or


Pour terminer en beauté ce sujet hautement frivole, sachez que les fashionistas du 18e et 19e siècle estampillées bonnes familles rivalisaient d’importance au travers de leurs navettes d’apparat: en nacre, ivoire, argent ou or, orné de pierres précieuses, émaillées, elles étaient le signe d’un rang social élevé. En 1753, Jeanne Antoinette Poisson dite Madame de Pompadour, favorite (at)titrée de Louis XV, roi de France, dépensa une jolie somme afin de faire façonner une navette aussi ornementée qu’un bijou princier...


Madame Adélaïde de France, fille de Louis XV


Suivez les pas de Sherlock sur ces sites internet :


• https://tattingcollector.weebly.com/tatting-shuttles.html


Quelques-unes des créations en frivolité disponibles sur l'e-boutique des Arlettes :








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