Ou la naissance des attrapes-rêves
Texte, photos, vidéos et illustrations de Noémie Libois.
Asibi-qui ? Asibikaashi, pardi ! La Femme-araignée ou Grand-mère l’Araignée, déesse tutélaire des nations amérindiennes ! Elle apporte à la gente humaine guidance et protection spirituelle. De nombreuses anecdotes nourrissent sa légende, et les histoires à son propos foisonnent aux quatre coins de l’Amérique du Nord.
Morceaux choisis – deux récits du peuple ojibwé :
Autrefois, Asibikaashi veillait sur la nation ojibwé et plus particulièrement sur les enfants.
Au cours du temps, les clans essaimant toujours plus loin sur le territoire, il lui fut de plus en plus difficile de garantir sa protection à chaque être. Afin de lui venir en aide, les mères et grand-mères de tous les enfants de tous les clans, se mirent à façonner des toiles qu’elles placèrent au-dessus des lits des tous petits. Les cauchemars et les mauvais esprits étaient alors capturés dans les pièges tels des proies dans la toile collante d’une araignée. Au lever du soleil, ces mauvais rêves étaient progressivement détruits par la lumière, tandis que les beaux rêves passaient au travers sans être abîmés.
Ainsi naquirent les premiers attrapes-rêves.
Une variante raconte qu’il y a longtemps, une grand-mère observait une araignée tisser sa toile tous les jours au-dessus de son lit. Son petit-fils voulu tuer l’animal, mais Grand-mère s’interposa gentiment : « Ne la tue pas ». Le garçon, haussant les épaules, l’épargna. En guise de remerciement, l’araignée offrit à la vieille dame une toile tissée entre la lune et son lit afin que chaque nuit, aucun mauvais rêve, jamais, ne lui encombre l’esprit. Grand-mère sourit et continua de regarder l’araignée tisser sa toile.
"Asabikeshiinh", le nom de l’attrape-rêves ou capteur de rêves en langue ojibwé, signifie tout simplement araignée.
L'attrape-rêves : de vocation spirituelle...
Originellement, un attrape-rêves n’est réalisé qu’à partir de matériaux naturels : un cercle en bois de saule (le cercle de la vie), de la fibre (la toile/capteur), des plumes (la guidance spirituelle). Au centre, le trou laissé dans le tissage permet aux bons rêves de passer sans être détruits. Perles, gemmes, et autres matériaux sont des rajouts modernes purement esthétiques, non validés par les Premières Nations. (Gif : un attrape-rêves de style traditionnel)
... à objet décoratif
L’attrape-rêves connut son heure de gloire dans les 60'-70's suite à l’apparition du mouvement panindianisme (promotion des modes de pensée et des cultures autochtones des États-Unis). Devenu mondialement populaire, il perdit sa vocation spirituelle pour muer en objet à usage décoratif. Du plus simple au plus travaillé, il se décline désormais en version macramé ou dentelle, passant du type luxueux à beatnik. On y ajoute perles de rocaille et/ou pierres de valeur, brillants Swarowski et plumes teintées et/ou pailletées...
Vidéo : création d'un diffuseur de parfum "attrape-rêves" fait main
(Initialement pensé pour pendre sous le rétroviseur intérieur d'une voiture)
"Pour créer ces attrapes-rêves, j'ai enroulé sur un anneau métallique des restes de fils issus d'autres créations, mais trop petits pour en faire grand-chose (normalement, ils finissent à la poubelle, ce qui engendre de la perte et des déchets). Quant à la rondelle de bois, elle provient de mon jardin, a été sciée à la main et percée au vilebrequin manuel. Une fois le tout monté, il suffit d'accrocher le diffuseur de parfum au rétroviseur de la voiture grâce à son élastique et de recharger régulièrement la rondelle de bois en huile essentielle ou parfum de maison."
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Pour conclure
N’oubliez jamais : un attrape-rêves n’est pas qu’un simple objet de décoration. L’attrape-rêves est un talisman. ☻♥
Afin de découvrir ces attrapes-rêves en vrai (ainsi que bien d'autres chouettes créations faites main !), rendez-vous les 26 & 27 novembre prochains lors des Portes Ouvertes organisées par Les Arlettes, rue des Hauchies, 55 - 6010 à Couillet de 13h à 18h ! Soyez les bienvenu.es !
